never easy to be a wolf / emma.

La journée avait été longue, même trop longue. Toute la journée on l'avait appelé sans pause. Dés son arrivée au bureau, on l'avait sollicité pour un projet qui avait besoin d'un avis du point de vue artistique. De plus, les échéances de deux projets dont il s'occupait avec son équipe arrivaient presque à leur fin et il semblait que malheureusement les idées ne fusaient pas des masses. Lorsqu'il avait reçu sa promotion, Rhett savait que cela n'allait pas être de la tarte d'être directeur artistique, surtout à un si jeune âge mais jamais n'avait-il songé une seule seconde que même respirer serait impossible une fois le rôle endossé. Une part de lui était terriblement excité et ravi d'être enfin arrivé au point culminant de sa carrière rêvée mais une autre partie regrettait le temps où la seule chose qu'on lui demandait était de dessiner deux trois brouillons. Venant seulement de récemment d'entrer dans le personnage de directeur de section, il ne pouvait toutefois pas se permettre de baisser les bras alors qu'uniquement quelques mois s'étaient écoulés depuis l'annonce. De toute façon, en ce moment, le travail était la seule chose qu'il avait. Entre des parents avec qui il ne parle que très peu pour ne pas dire pas du tout, une ancienne petite-amie qui refuse de lui parler calmement ne serait-ce que pour une phrase et ses heures de temps libre passer à un bar, on ne pouvait pas dire qu'il pouvait se concentrer sur autre chose. L'heure de la pause arriva enfin et préférant prendre ses précautions, Rhett demanda à sa secrétaire de refuser de nouveaux rendez-vous pour le moment et remettre à plus tard certains coups de fil. Une fois cela fait, il ferma la porte de son bureau se coupant de tout le raffut qu'il y avait dans les couloirs de l'agence et tomba raide mort sur le canapé installé dans le fond de la pièce. Au moins, dans ce nouveau poste, la bonne chose était qu'il pouvait avoir un assez grand bureau pour mettre en plus d'un bureau et ses affaires, un canapé bien placé sur lequel il peut se reposer aux heures de pause. Rhett prenait ce privilège comme une véritable bénédiction du ciel. Il songea ensuite à ses jeunes années en tant que stagiaire quand il travaillait sans réfléchir, sans dormir, sans manger, sans fumer et qu'il survivait quand même. Il soupira en se disant qu'il avait bien perdu de l'endurance depuis le temps. En même temps, les responsabilités étaient d'une toute autre ampleur, ce n'était pas réellement comparable si on y repensait bien. Les chaussures jetées à l'autre bout du bureau, affalé sur le dos, le bras sur les yeux, il profitait de cette accalmie pour se reposer. Alors qu'un silence régnait, celui-ci fut brièvement interrompu par la porte qui venait de s'ouvrir, laissant deux trois personnes voir à travers mais surtout, Emma, y entrer. Elle regarda la scène montrant son frère complètement exténué avec un air amusé et s'avança elle-même vers le canapé où elle dégagea les jambes de celui-ci pour se faire une place. Elle aussi semblait clairement fatiguée. « La petite Wolf serait-elle déjà fatiguée de son boulot d'assistante? » la nargua-t-il sachant très bien qu'en plus de l'aider lui dans ses affaires, beaucoup suscitaient l'aide la demoiselle en voyant qu'elle était plutôt efficace auprès de son frère. Pour plaisanter, avec son pied en chaussette, Rhett s'amusait à donner des petits coups à sa soeur qui très vite, répondit avec un air complètement désabusé. Si il y avait bien une personne avec Rhett était complètement naturel, c'était Emma.

Tout défilait à une allure grandissante chez Fischer Bowman Ad. Tout avait un sens précis, une direction où la perte de temps n’est pas envisageable. Toute efficacité est bonne à prendre et cela les collègues d’Everett l’avaient très rapidement compris. Tu étais là depuis quelques mois seulement et déjà dans les bonnes grâces de ses compatriotes de boulot. Ils semblaient satisfaits de ton travail, de tes services et de ton agilité à travailler vite et bien.  Dans le domaine de l’art, tu parvenais à émettre des idées – parfois étranges mais qui semblait plaire à certaines équipes – trouvant ainsi un certain rythme de motivation et de limpidité dans la course intense de l’entreprise. La partie la plus appréciable était sans doute de bosser en tandem avec ton ainé. Ce personnage haut en couleur qui durant tes nombreuses années d’enfance et d’adolescence figurait parmi tes nombreux héros de bandes dessinées et de livres. Il le demeurait encore aujourd’hui d’ailleurs. Cependant, il avait été présent à de nombreux instants de ta vie, croyant en toi dur comme fer et veillant à t’éloigner autant que possible de l’influence des parents. Appuyé contre la paroi de l’ascenseur, tu  soupires de fatigues tout en jetant un bref coup d’œil aux dossiers que tu tenais sous ton autre bras. Everett devrait juste apposer quelques autographes avant que les contrats ne partent sous l’étage juridique. La journée était bien avancée, bien que tu ais passé ta matinée dans les cours de l’auditorium des répétitions de l’opéra et l’après-midi dans les couloirs et bureaux de l’agence, la seule chose qui te faisait défauts était sans le moindre doute les gargouillements incessants de ton ventre. Ton estomac criait famine et tu avais bien l’intention d’y remédier. Une fois au second étage, tu bifurques le long du corridor afin d’entrer dans les nouveaux quartiers destiner à ton frère ainé. Tu ouvres la porte de son bureau plongé dans un silence calme, apaisant. Tu passes la tête dans l’entrebâillement de la porte pour apercevoir ton lien fraternel allongé sur le canapé, à l’aise et pépère comme il pouvait l’être au quotidien. Tu esquisses un sourire malicieux tout en secouant la tête. Tu entres en prenant soin de fermer la porte de la pièce, tout en lançant avec une certaine adresse la pochette des dossiers sur ta table basse. Il n’y avait aucune formalité entre vous, vous vous connaissiez bien trop pour cela. C’est donc tout naturellement que tu dégages les pieds de Rhett pour t’installer à côté de lui, soufflant de fatigue. « La petite Wolf serait-elle déjà fatiguée de son boulot d'assistante? ». Son timbre moqueur provoque une légère grimace sur tes traits encore mutins pour ton âge. Ton frère en profite pour s’amuser un peu, juste pour plaisanter en te donnant quelques petits coups de pieds. Ses chaussettes aux couleurs de noël, te font rire. « Monsieur le directeur des arts serait-il encore gamin ? Tu es très convainquant avec tes chaussettes de lutin tu sais ? ». Dis-tu tout en souriant amusé. C’est vrai que tu étais fatigué, d’ailleurs ton frère et toi pouvez-vous serrer la main.  Tu déposes ton coude sur l’accoudoir du canapé, ton menton au creux de ta paume. « Tes collègues sont sympas, un peu lourd et compte me voir changer d’équipe, ils peuvent toujours se brosser ! ». Cette place d’assistante semblait être une seconde nature, un peu à l’image de la danse. Une vision à laquelle tu n’aurais jamais pensée si ton ainé ne t’avait pas poussé dans cette aventure. Les gargouillements nombreux qui s’étaient fait silencieux depuis quelques minutes reprennent de plus belles.  Tu te lèves – telle une flèche – en direction du petit placard où le maitre des lieux range ses encas de pause solitaire. « Ne me regarde pas avec ses yeux là, tu n’es pas discret lorsqu’il s’agit de planquer de la nourriture. ». Tu hausses les épaules en souriant.